Sébastien Tellier – Sexuality
Musicien hors pair, sideman très drôle, ours imprévisible, compositeur foutraque et multidirectionnel… Sébastien Tellier c’est tout cela, et sans doute bien plus encore. Son précédent “album”, Sessions, une dispensable compilations de ses titres pianotés, n’était qu’une mise en bouche avant le véritable successeur de Politics (“La Ritournelle”, ad lib…). Avec ce Sexuality, produit sous le casque intégral de Homem-Christo des Daft Punk, le barbu mirifique nous entraîne dans un ballet de synthés moites + basse/percus rondes comme une fesse, et c’est peu de dire que la première écoute s’est révélée décevante et assez troublante. On s’imaginerait volontiers en quelque bar de nuit plutôt chicos, abordant enfin cette fille diaphane et rêvée tel un Menez/Rochefort : “Euh, bonsoir mam’zelle, je vous offre un drrrrinkkk ?” Et puis, comment dire… “on s’y fait”, au point de le mettre encore et encore. Et c’est là, dans la redondance, que surgit l’immense talent de Tellier : la fraîcheur, la créativité et cette aisance déconcertante qui renvoie nombre de ses contemporains à l’étiquette de “besogneux”.
Enfin, les pépites, avec au cœur de l’album ce Sexual Sportswear (ci-jointe une vidéo tellement ringarde qu’elle en devient hilarante– Tellier/Crazy Horse même combat ?) , long instrumental qui sonne comme l’alchimie sidérante entre “La Ritournelle” et les synthés de Jarre, période Oxygène… Et en finale, deux superbes derniers titres chantés, mélodiques en diable, dont le sublime et entêtant L’Amour et la violence.
“Je peux te d’mander un truc ?
– Ouaip, quoi ?
– A quoi t’es lié ?
– A l’amour.”
Martin Terrier
A regarder