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21 septembre 2007

PJ HARVEY – White Chalk

Vous vous souvenez de Dry, Rid of Me, To Bring You My Love… c’était hier ou presque. Une succession de baignes 41Qp13LqwALélectriques où la belle du Somerset venait infliger une leçon de rage, de classe, d’énergie et de talent au monde du rock. On ne s’en est jamais vraiment remis. Au fil du temps, PJ Harvey s’est faite moins furieuse, mais s’est attachée à chiader toujours un peu plus ses compositions pour livrer, par exemple, Stories from the City, Stories from the Sea – un album splendide, mais au sujet duquel beaucoup firent la fine bouche, alors déçus de la voir s’assagir. On peut se calmer sur la durée, faire la même chose mais moins intensément, ce qu’elle fit alors. On peut aussi tout changer ou presque, ce qu’elle fait aujourd’hui. Car plus qu’un nouvel album, c’est une mutation qui s’opère, une rupture comme seule peut s’autoriser l’immense et imprèvisible artiste qu’elle est.

Pour commencer, Polly Jean a rangé sa Gretsch dans l’armoire. Oui, vous avez bien lu : pas une note de guitare électrique dans White Chalk. Quelques accompagnements acoustiques, un peu de mandoline, de la harpe… Les cordes pincées sont rares, elles seront donc frappées : le piano occupe ainsi tout l’espace mélodique avec la voix, pleine ou chuchotée de la belle Anglaise. Derrière, à peine une basse, quelques cœurs angéliques, de l’orgue parfois, des percussions discrétes… Nous voilà partis pour une fresque pudique et brève (à peine 35 minutes), mais d’une intensité émotionnelle peu commune. A l’unisson de la magnifique photo de l’album, nous plongeons dans un univers victorien, romantique et nostalgique. Sœur Brontë perdue ou Alice désenchantée au pays des merveilles, PJ Harvey brode sur sa robe blanche les mélodies de la perte, de l’attente, de l’espoir, du pardon, et c’est magnifique. Oui, beau, triste et magnifique. Tant de musiciens rÍveraient d’écrire des titres aussi simples et somptueux que Dear Darkness, Broken Harp ou Mountain…

White Chalk culmine enfin avec Silence, une chanson comme on n’en avait pas entendue depuis… depuis quoi d’ailleurs ? Y flotte cette mélancolie universelle des amours perdues. Vous rappelez-vous ? Vous étiez avachi dans ce bar de nulle part, malheureux comme un chien, vous aviez un peu trop bu. Polly Jean continuait son chemin sans vous. Elle s’était approchée, vous avait caressé la joue et dit doucement : “Ne sois pas triste, tu sais bien que je suis une fille invivable.” Et comme vous pleurnichiez encore, elle s’était retournée pour vous murmurer : “Silence.”

Martin Terrier

A visiter : son site

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Commentaires
1
Rien que le titre éponyme de l'album suffit à faire tomber toutes les réticences. Je n'avais pas entendu depuis belle lurette du lourd aussi aérien.
R
J'ai reçu ce matin White Chalk. Un album suprenant. Comme toujours avec PJ, il faut se glisser dans ses chansons; jamais elle ne tente de séduire l'auditeur par des gimmicks faciles.<br /> Un beau disque nostalgique mais pas ennuyeux. (Sa brièveté renforce cette impression.)<br /> <br /> RC<br /> <br /> PS : Très bien votre blog. Informatif et critique. Bravo.
N
Merci pour cet article, j'aimais beaucoup ce que fait PJ Harvey mais pas au point de me jeter sur un nouvel album lorsqu'il sort. C'est en lisant votre chronique que la curiosité m'a prise. J'ai acheté l'album et il est très beau. Merci.
M
Merci à vous trois pour votre lecture. Nous avons, me semble-t-il, mis cette "craie blanche" en haut du tableau.
-
Malgré toutes les critiques négatives (la tienne est une exception) que j'ai pu lire sur ce disque, je m'y suis jeté. Et... je suis tombé sous le charme. J'aime beaucoup les artistes qui prennent des virages innatendus, comme celui-là. Classe classe classe. De ttes facons, PJ la respire, la classe.<br /> Tres belle chronique by the way.
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