La caisse de l’oncle Tom
J’ai bien essayé de faire comme sur cette belle affiche. J’ai jeté au ciel une poignée de sable, plein du fol espoir qu’elle se transforme en poussière d’étoiles ou en poudre d’or et qu’elle retombe tout droit dans mon bas de laine. Mais rien à faire, la magie n’a pas pris. Je n’ai toujours que trois francs six sous, et rien n’est venu garnir ma besace. Misère…
Tom Waits, l’immense Tom Waits, sera à Paris, au Grand Rex, le 24 juillet. Sur le coup, on a pris date, ça tombait bien, ce soir-là je n’avais rien de prévu. Et puis j’ai vu le prix des places : 140 euros à l’orchestre. Je me suis alors souvenu qu’il y a dix ans (seulement), on mesurait le prix d’un concert à plus ou moins deux cents francs. Deux cents c’était très très cher, le prix à donner pour voir un cador… Alors, maintenant, 140 euros…
Je revendrais bien Rain Dogs, Blue Valentine, Nighthawks at the Diner, ou même le beau triple de l’an passé, Orphans. Mais ça ne suffirait pas, et puis vendre un disque, ça ne se fait pas. J’espère au moins que Tom Waits n’a pas trop changé, qu’il va traîner un piano bar pourri sur scène, qu’il posera dessus une lampe bancale et une pinte de Lager tiède, et qu’il aura un tigre et une bronchiolite au fond de la gorge : juste de quoi foutre la trouille au tout-Paris VIP qui, lui, sera là. Sorry Tom.
Martin Terrier
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