The Jean-Paul Bourre Experience

Cette année, les éditions Scali ont publié deux livres de Jean-Paul Bourre : "Sexe, sang et Rock’n’roll" et "Quand j’étais blouson noir".

Au départ, je pensais vous dire que ces deux livres comptaient un peu pour rien. En effet, dans le premier l’auteur ne nous apprend rien. Il cumule des anecdotes et rappelle des évènements, liés a priori aux grands cramés de l’histoire du rock, que tout le monde connaît par cœur. Des trucs du genre : Curtis s’est pendu, Cobain s’est tiré une balle, H. S. Thompson se drogue, Cantat frappe trop fort, etc.

Dans le deuxième, il évoque ses années de rocker-loubard provincial, fan de James Dean et de Lucky Blondo, habitué des bagarres initiatiques et des défis imbéciles. Il semble en fait développer l’un des meilleurs chapitres du précédent livre : "Les anonymes et les sans-grade". Une mauvaise bonne idée finalement ; ce livre empile lui aussi les anecdotes bien que cette fois inconnues du lecteur. Sauf qu’ici on s’en fiche un peu. Le pick-up et les chemises de cow-boy, les tatouages et la bande de copains constituaient le quotidien de l’apprenti écrivain comme celui de la plupart des adolescents rebelles des années 50-60. Rien de plus.

Oui, mais Jean-Paul Bourre est lui-même un peu barjo (de spontanéité, comme il le dit lui-même). L’écrivain qui a la "cervelle incendiée par les broderies psychédéliques du Grateful Dead" et qui se prend à lécher les murs de Venise, est aussi bourlingueur et animateur de radio, spécialiste en ésotérisme et science-fiction, messes rouges et sacrifices d’animaux. C’est dire s’il peut être intéressant… !

Mais ce n’est pas tout ; il a aussi du style et de la bouteille. Il a publié à ce jour une cinquantaine d’ouvrages sur à peu près tout et n’importe quoi : des celtes dans la bible au vampirisme, de Gérard de Nerval à  Michael Jackson, de la quête du Graal aux enfants extra-sensoriels. Des romans, des études, de la poésie, des délires. Oui surtout des délires.

Et c’est grâce à tout ça que, la forme l’emportant sur le fond, il arrive aujourd’hui à sauver ses deux livres qui, au contraire de nous tomber des mains, nous entraînent finalement dans un tourbillon de spirales (de dinguerie, de douleur, de meurtre, de chaos…). Bon c’est sûr, ses bouquins c’est pas du bronze et Jean-Paul Bourre n’a pas eu le Goncourt cette année mais de toutes façons il n’était pas sur la liste. Et lui au moins aura su nous divertir et nous emmener en voyage. C’est ce qui compte, non ?

Bunganow Bill

A visiter : son myspace

Comments

[Nebo]

Ah... c'est bô la vigilance.

[Sid]

C’est dommage quand on parle de Jean-Paul Bourre de passer sous silence son amitié avec feu Serge de Beketch à l'origine de Radio Courtoisie. Radio peu recommandable s’il en est. D’accord, c’est pas le sujet des livres, mais quand même, soyons vigilants.