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19 octobre 2007

Radiohead : Webmasters

In rainbows, nouvel album de Radiohead, vient de “sortir”. Une sortie pour le moins singulière, quoique peu surprenante venant de musiciens toujours très avertis des évolutions technologiques et sociétales, comme du maniement des machines.Sans_titre_1 Car ce n’est pas d’une mise en bac dans les gondoles dont il s’agit, mais d’une mise en ligne (depuis le 10 octobre) où chacun peut à loisir télécharger l’album moyennant la somme de son choix – ladite somme pouvant être… nulle ! On s’attardera peu sur cette audace de diffusion qui ne saurait faire trembler l’assise d’un groupe dont chacun sait le succès planétaire, mais dont les potentielles implications sur le marché de la musique doivent donner des sueurs froides aux majors…

Venons en donc à In rainbows. Chroniquer un album de Radiohead est une gageure, tant il est délicat d’éviter les poncifs, le lyrisme, bref le syndrome du “meilleur groupe du monde”. Une boursouflure aussi agaçante que justifiée artistiquement et paradoxalement encouragée par les cinq Anglais qui abhorrent toute starisation. Les agacements relatifs à Radiohead sont connus et chroniques : les envolées vocales de Thom Yorke sont parfois irritantes, je n’ai pas envie de souscrire à leur démarche intello, leur propension aux compositions mélancoliques est plombante… Certes, certes… Mais le pire détracteur ne pourra que reconnaître combien le groupe est parvenu là où tant d’autres échouent : la cristallisation, cette parfaite cohésion entre les musiciens. Ajoutez-y la créativité harmonique plus l’aisance et l’audace instrumentales : vous êtes arrivés sous l’arc-en-ciel In rainbows, digne successeur apaisé et modeste de Hail to the Thief, Amnesiac et Kid A.

Un bel album, sans surprises toutefois, qui conforte tout le bien qu’on pense de Radiohead sans annuler pour part les “reproches” énoncés plus haut. L’ouverture, 15 Step, est splendide et évoque le travail solitaire de Yorke sur The Eraser, mais idéalement renforcé par ses acolytes (dont la formidable batterie de Phil Selway, à la métrique toujours aussi imprévisible). Suit un Bodysnatchers électrique et très enlevé, mais peu à sa place dans un album “sage” (on pense en écho à cette présence incongrue de deux morceaux “bourrins” dans le très beau Think Tank de Blur). Pour autant, ce retour à un son hérité d’OK Computer ne saurait nous déplaire. Avec Nude (connu précédemment sous le titre Big Ideas), on entre dans la tonalité générale de l’album et on touche presque au meilleur s’il n’y avait cet excès d’angélisme vocal en finale. Weird Fishes/Arpeggi, All I Need ou Videotape ramènent le groupe à son sommet et provoquent leur petite mort : vous savez bien, ce frisson inattendu mais espéré qui vous parcourt l’échine.

Les autres titres sont tous de haute tenue, même si l’on regrettera un excès de cordes dans Faust Arp et Reckoner et une impression de déjà entendu dans Jigsaw Falling into Place. Alors une impression d’ensemble ? Téléchargez In rainbows sans hésiter, il s’y trouve de bien belles perles même s’il manque ces pépites folles et furieuses (The National Anthem) ou surnaturelles (How to Disappear completely?) d’hier. Au fond, pour les fans inconditionnels, les “sympathisants” ou les “anti”, restera toujours cette même question à l’écoute de ce déluge de sons, d’arrangements et de créativité : mais comment font-ils ?

Martin Terrier

A visiter : le site pour télécharger
A regarder

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Commentaires
C
Je résume, pour écouter un disque, il faut : une chaîne hi-fi, de l'électricité, un disquaire, une carte bleue, et avoir une voiture (et le permis qui va avec) ou des transports en commun. Ça rend pas forcément les choses faciles si on n'a pas de disquaires. Alors, on achète par l'internet (avec plein de colis). Dire qu'autrefois les vendeurs de partitions voyaient d'un mauvais œil l'arrivée du phongraphe. C'est plus rétro, c'est sûr, mais les pauvres, ils s'en foutent dela façon dont on consomme la culture. Ils continuent à creuver dans la rue…
J
Moi je m'en fous j'écoute Gene Vincent sur mon pick-up.
F
je résume, pour écouter le nouveau radiohead, il faut : un ordinateur, une connexion internet, un compte bancaire, une carte bleue, et maîtriser un minimum la langue de Shakespeare pour naviguer sur leur site. ça rend pas forcément les choses faciles pour tout le monde. Dire qu'autrefois avec un peu de monnaie on pouvait s'offrir les pistols au monoprix. C'est plus moderne bien sûr, mais ça semble réservé aux riches. Merci Mr Yorke.<br /> Au fait, les ordinateurs, ils ne polluent pas la planète ? Celle des pauvres, ah ok, c'est bon alors.
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